- Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour je m’appelle Franck Benasseur mais dans le monde du baseball on me nomme Benny. J’ai 47 ans et je suis agent bancaire. Je suis au Club de Rennes depuis 1988, soit depuis sa création ou presque (1987).
- Tu es arbitre de baseball (officiel). Parle-nous un peu de ton expérience personnelle, comment considères-tu le rôle de l’arbitre et que ressens-tu sur un terrain ?
Question simple mais pour moi réponse complexe… L’arbitrage baseball est beaucoup plus qu’un sport ou une pratique sportive. Il m’accompagne chaque jour, m’aide dans ma vie personnelle et professionnelle, dans la gestion des émotions, les relations humaines etc…
J’ai redécouvert rigueur et envie d’apprendre grâce à l’arbitrage. C’est une passion de tous les instants. Sur un terrain je me sens bien, vivant, garant de l’intégrité physique des joueurs, de la bonne tenue de chacun.
Il faut être prêt, exigeant avec soi-même, souple avec les autres mais toujours avec un peu d’autorité au besoin, toujours discret (et ce n’est pas facile) et parfois bien présent… Mais, il faut toujours repartir avec la sensation du devoir accompli, et surtout toujours y prendre du plaisir !! C’est essentiel et c’est ce qui me mène : prendre du plaisir à chaque game, dans chaque action et ce tous les weekends.
- Comment es-tu devenu officiel ? Quelles certifications as-tu dû passer et comment les as-tu passé ?
Quand j’ai commencé, je ne jouais pas tous les matchs et ne connaissais pas les règles, pas mon sport… Comme tous les autres.
Alors dès qu’une formation fut proposée, j’ai tenté l’expérience par curiosité. Je jouais un bout de game et arbitrais un autre en entier. J’ai beaucoup appris et l’année suivante je jouais plus mais arbitrais toujours.
J’ai donc passé les diplômes d’Arbitre Départemental Auxiliaire puis Départemental, Régional Auxiliaire puis Régional, National et enfin International de 90 à 96. Et, il y a 3 ans, Régional Softball.
Depuis je suis devenu formateur baseball & softball AF1 et je prends beaucoup de plaisir à former. La formation aujourd’hui est de qualité complète grâce à un gros travail de CNAB Formation et elle est vraiment intéressante mais demande du travail et de l’investissement personnel.
- As-tu déjà eu une expérience en tant que joueur avant de devenir arbitre ? Si oui, peux-tu nous en parler rapidement ?
J’ai joué avec les Bad Boys de Rennes, les Broomies de Rennes jusqu’en N1 (court épisode) et avec les Dragons de Ronchin (Lille).
Je joue actuellement au softball avec les Redwings de Rennes depuis quelques années car mon grand âge me permet encore de croire que je suis bon grâce au softball !
Le plaisir d’arbitrer a pris le pas sur le jeu mais je reste un baseballer dans l’âme depuis toujours et avec la découverte de ce film magnifique « the Natural » avec Robert Redford en 1984.
- Quelles-sont les raisons/motivations qui t’ont amené à devenir officiel ?
Au début, c’était pour comprendre mon sport. Ensuite, pour rendre service à mon club et à mon équipe. Enfin, parce qu’aujourd’hui il me permet d’avoir accès à un niveau de jeu que je n’aurais jamais connu comme joueur. J’ai la chance de partir chaque année depuis 2011 en Coupe d’Europe ou Championnat d’Europe CEB, parfois même 2 fois par an.
Je rencontre des personnes formidables, je découvre du jeu de qualité. J’apprends à chaque fois et depuis peu je suis, à l’occasion, un référent pour les rookies. C’est flatteur. Je voyage, je me fais des amis et l’arbitrage est une grande fraternité internationale, c’est rare…
Et, je dois avouer que si je vis tout cela, c’est aussi grâce au travail de notre Fédération. Car, en effet, son rayonnement et les résultats des équipes de France nous permettent d’officier et de montrer que l’arbitrage français progresse et sait être présent lors des grands événements en baseball comme en softball.
- Le respect de l’arbitre est l’une des valeurs fondamentales du sport or nous pouvons constater (dans la plupart des sports collectifs) que cette valeur n’est pas toujours respectée comme elle devrait l’être. De ton côté, constates-tu la même chose lorsque tu arbitres des matchs et quel est ton point de vue sur ce sujet ?
Le devoir de réserve ne me permet pas de parler des exactions de certains joueurs, mais il faut garder à l’esprit que de façon générale les comportements sont corrects. Seuls quelques idiots qui, à mon sens, n’ont rien à faire sur un terrain de baseball et entachent notre sport.
Je crois pouvoir dire que j’ai la réputation d’être un arbitre juste même si parfois on me trouve sévère. Je suis toujours ouvert à la discussion mais dans une certaine mesure : si elle est dans l’intérêt du jeu, des joueurs, alors oui. Mais, si c’est pour entendre des plaintes sans que cela n’apporte quelque chose, je le suis moins. En tout cas, pas pendant le match.
Pour moi le respect est une valeur fondamentale dans le sport et le notre en particulier. Le baseball est codifié sur les échanges possibles entre arbitre et coach et il fait partie du folklore, pas besoin d’aller au-delà.
- D’un point de vue personnel, est-ce que le fait d’être officiel est enrichissant pour toi ?
J’ai beaucoup appris sur la nature humaine et plus encore sur moi-même. Comme joueur, je suis une plaie car compétiteur. Comme arbitre, je suis posé, à l’écoute, conciliant, diplomate et pédagogue…. À mon grand étonnement. Et cela m’a permis d’évoluer dans ma vie professionnelle aussi. Que demander de plus ?
- Quelle a été ta pire et ta meilleure expérience en tant qu’officiel ?
Ma meilleure expérience ? Toutes celles passées ont été de très bonnes mais les meilleurs sont à venir ! J’ai eu la chance d’arbitrer des ½ finales et petites finales en CEB. Mais être à la plaque en finale CEB fut un aboutissement il y a 3 ans à Trebic en République Tchèque (U12). Et l’an dernier j’ai été très fier d’être classé 3ème sur 11 lors de championnats d’Europe U18 face à des arbitres chevronnés, réputés et renommés…
Mais j’avoue que l’apothéose serait d’être nommé sur une Coupe du Monde. Je suis sur les tablettes de la WBSC et en liste de réserve depuis 3 ans… Il me reste à travailler fort pour passer le cap… Cela n’arrivera sans doute jamais mais ça reste un doux rêve et une saine compétition avec mes camarades et amis Serge Makouchetchev, Fabien Carrette Legrand et Paul Nguyen.
- Si tu avais des conseils à donner aux jeunes qui hésitent à se lancer dans l’arbitrage, lesquels seraient-ils ?
Faites le par curiosité, par envie, mais jamais par contrainte et forcé. Le faire pour rendre service mais sans envie n’a pas d’intérêt. Cela demande du temps, de l’effort et on ne peut le faire que si on le désire vraiment. La clef c’est le PLAISIR. Prendre du plaisir.
Et moi j’aurai toujours beaucoup de plaisir à les accueillir en formation comme celle que la Ligue organise tous les ans. Cette année encore 10 candidats étaient présents et au moment où je vous écris, ils sont encore en apprentissage !